Longue vie à l'Athletic !

Félicité par ses coéquipiers, Llorente vient d'égaliser pour Bilbao. Prélude d'une soirée basque à Manchester.

Les détracteurs de la Liga peuvent se rhabiller. Aveuglés par la puissance hégémonique des deux "grands" d'Espagne, tant sur le terrain que dans les médias, et les énormes dettes qui touchent les clubs ibériques, nombreux étaient ceux qui pensaient, à tort, que le championnat espagnol allait droit dans le mur. Mais l'incroyable prestation de Bilbao à United (3-2), alliance de génie individuel et de maîtrise collective, est passée par là. Cette énorme perf' a peut-être fait de l'octuple champion d'Espagne un des favoris de l'Europa League. Enfin, devrait-on dire...

Sous les yeux ébahis de Sir Bobby Charlton, les basques de Bilbao ont donné une magnifique leçon de football au grands mancuniens. Oui, oui ! A part les spécialistes du foot espagnol, peu de monde l'envisageait réellement. Mais ce qui devait arriver, arriva. Dans leur antre d'Old Trafford, les hommes de Sir Alex Ferguson ont en effet du rendre les armes face à l'armada de l'Athleti. Combinant talents individuels - Muniain est la figure de proue de cette génération dorée -  abnégation et générosité collective, la formation dirigée d'une main de maître par Marcelo Bielsa a tout bonnement explosé United. Sans un David De Gea de retour au premier plan et dans un TRES grand soir (pas moins de six parades incroyables à son actif), United aurait pu, aurait dû, rentrer aux vestiaires avec un 6-2 dans l'escarcelle. Les basques leur en ont mis trois (par Llorente, De Marcos et Muniain) et c'est déjà bien suffisant. En foutre trois à United, au Théâtre des rêves, en sachant qu'on les reçoit la semaine d'après devant son incroyable 12ème homme, ne peut que vous rassurer...

Sans dénigrer l'incroyable performance du FC Bale de Shaqiri en Ligue des Champions, ils ont surtout profité du diléttantisme légendaire des mancuniens lorsqu'ils jouent des "petits", pour les éliminer de la Coupe aux grandes oreilles. La performance n'en reste pas moins remarquable, je vous l'accorde. En revanche, pour Bilbao, c'est une toute autre histoire. Les basques étaient tout simplement plus forts. Solides derrière comme dans l'entre-jeu, ils ont progressivement mis les anglais sous l'éteignoir. Sous l'impulsion d'un exceptionnel Muniain sur l'aile gauche, d'un précieux, mais surtout très talentueux Llorente en pointe, ou encore de l'indispensable Javi Martinez au coeur de la défense, l'Athleti a régalé les socios venus en masse à Manchester. Alternant jeu court, jeu long, jeux en triangle et possession de balle à la sauce "Seleccion", les basques ont fait tourner en bourrique de bien pâles mancuniens. Pourtant, Dieu sait que j'admire cette équipe teintée de force mentale et de grandeur collective, mais sur ce coup-là, ils ont trouvé leurs maîtres. Déjà, le 22 janvier dernier, malgré la lourde défaite concédée (4-1), leur match face au Real Madrid m'avait enthousiasmé. Mais là ! Que dire, à part Bravo ! Cette équipe, méconnue de ceux qui ne suivent pas la "pauvre" Liga, est enfin vue à sa juste valeur. C'est-à-dire une équipe brillante, joueuse, loin de l'image violente véhiculée pendant les années 70-80. Cette période où les basques préféraient chatouiller les chevilles de Maradona et faire de la boxe avec le reste de son équipe du Barça, plutôt que de jouer au football semble bien révolue. Entré en fonction à l'été 2011, "El loco Bielsa" a transformé cette formation basque. L'Athleti, jeune équipe de surdoués - à peine 24 ans de moyenne d'âge pour les titulaires de jeudi soir - est un diamant brut que l'ancien selectionneur du Chili est en train de transformer en équipe taillée pour les plus grandes joutes européennes.

Qualifiée pour la finale de Copa del Rey face au Barça, et bien partie pour se qualifier pour les quarts de l'Europa League, Javi Martinez et consorts sont dans l'obligation de finir 4ème en championnat. En espérant que l'équipe ne se fera pas piller ses nombreuses perles, je la prie de bien vouloir montrer son incroyable talent au monde entier en Ligue des Champions, la saison prochaine.  En tout cas, je souhaite tout le bonheur du monde à cette magnifique équipe. Que les louanges pleuvent ! Que Muniain régale les amoureux du ballon rond encore très, très longtemps !

Longue vie à Bielsa et son équipe !

Emiliano